Le voyage en Russie des Archives Maçonniques.

Jacques Ravenne et ses « complices » nous emmènent dans une drôle d’histoire pendant la 2eme guerre mondiale. On suit le périple rocambolesque de tonnes d’archives stockées pendant des décennies par les loges Franc-Maçonnes de la France entière. Pour les Allemands en ce début de juin 1940, les grands secrets du pouvoir Français et toutes les forces occultes sont là à portée de main, pour eux le pouvoir politique ainsi que la puissance secrète de la Franc-Maçonnerie seront en leur pouvoir. Des tonnes et des tonnes de documents à leurs portée, les secrets ésotériques, peut-être même le Graal , c’est cela , ils avaient trouvés le Graal , la puissance ou pourquoi pas le secret de l’immortalité tant convoité par Hitler ou son acolyte Rosenberg. La haine antimaçonnique de Vichy se traduit par la promulgation des lois du 13 août 1940 interdisant les “sociétés secrètes ”Le terme de “sociétés secrètes” a été utilisé volontairement dans la création des lois pour dénigrer les loges maçonniques, ainsi que toute organisation initiatique pouvant constituer un contrepouvoir, comme par exemple la société Théosophique.

Dès août 1940, la chasse aux Francs-Maçons s’organise. Le ministre Pierre Pucheu décide de faire publier les noms des quatorze mille francs-maçons dans le Journal officiel. Quant aux fonctionnaires, ils doivent signer un document officiel dans lequel ils déclarent n’avoir jamais fait partie de la maçonnerie. Un service des sociétés secrètes est organisé en 1941. Il étudie les archives confisquées et publie une revue “Les documents maçonniques” qui voit dans la franc-maçonnerie l’une des causes principales de la défaite.

Une gigantesque opération est mise en place portant le nom de code de « Brabant » et qui va aboutir au transfert par camions et trains entiers d’une grande partie des archives secrètes de la franc-maçonnerie française. Destination première : Berlin. Objectif des services nazis : trouver la formule de la pierre philosophale, les rituels magiques de théurgie et les secrets des Hyperboréens. Toutes les archives sont saisies. Les locaux du Grand-Orient, rue Cadet sont occupés par le service des sociétés secrètes dirigé par Bernard Faÿ.

Bernard Faÿ joue un rôle très important dans la politique antimaçonnique, Il est nommé chef du Service des sociétés secrètes (SSS), chargé de classer les archives saisies dans les loges et de les utiliser pour des études et pour la propagande antimaçonnique. Le 14 juin 1940, quelques heures à peine après le défilé des troupes de la Wehrmacht sur les Champs-Elysées, des commandos spéciaux du Reich se précipitent au siège du Grand Orient de France, première obédience maçonnique française, rue Cadet à Paris. Des scellés sont apposés le jour même sur les portes du Grand Orient. Peu de temps après la Wehrmacht force les portes de la Grande Loge de France, rue Puteaux et s’empare d’un grand nombre de documents.
Dès le 26 juin la police secrète allemande de campagne, Geheime Feldpolizei, confisque les archives et le matériel de l’ensemble des loges. La police allemande investit les locaux de la Grande Loge de France à Paris, dès 1941, et transfère ses archives vers l’Allemagne. L’ensemble part aussitôt pour Berlin, après avoir été stocké dans les locaux parisiens de la Société Théosophique, proche du pont de l’Alma, réquisitionnés également par l’occupant.

Les archives maçonniques (rituels, décors, travaux de loges, les planches , objets divers pour les passages de grades…) sont mises en caisses et prennent soit la route, soit le rail. Nous sommes en 1940. Ces archives sont repliées sur Berlin. En 1943, alors que la capitale du Reich commence à être bombardée, certains documents sensibles ou apparaissant comme plus précieux que les autres sont évacués par les nazis, vers l’école supérieur de Francfort, dans un institut des questions juives, comportant une aile affectée aux affaires maçonniques.

L’évacuation de Berlin conduit encore des documents d’archives vers la Pologne dans un château isolé à l’Est de la Silésie, ainsi qu’à Ratibor ou dans les mines de sel en territoire Sudètes.

Le 1er juillet c’est la Gestapo qui intervient sous les ordres d’Alfred Rosenberg, l’idéologue du parti nazi. Elle câble à Berlin, auprès de Martin Bormann, le secrétaire particulier d’Hitler, le message suivant :
“D’immenses trésors ont été découverts dans les loges parisiennes du Grand Orient et de la Grande Loge”.
Le temps manqua à Rosenberg, Himmler et Hitler. En 1944 le débarquement de Normandie contrarie cette guerre secrète de l’occulte. En 1945, au moment de la chute de Berlin les russes mettent la main sur les précieuses archives maçonniques des Sudètes et de Silésie.

Le vainqueur russe n’attend pas le commandement US et prend l’initiative, discrète, de transférer ces archives vers Moscou, en septembre 1945. Officiellement rien n’a été trouvé, rien n’a été envoyé à l’Est.

Il faut attendre les années 90 pour que la Russie admette détenir les fameuses archives secrètes de la maçonnerie. C’est en 2002 que les autorités soviétiques restituent, pour la somme modique de 4 millions de francs,  au Grand Orient de France et à la Grande Loge de France, un total de 750 cartons de documents, dûment classés et répertoriés. On y trouve des fiches, des travaux, des documents, divers objets.

L’affaire n’a pas été relayée véritablement par la presse, mais a fait l’objet d’une exposition à Paris en 2006, organisée par la Grande Loge de France “La franc-maçonnerie sous l’occupation”, ainsi qu’à Lyon en 2003 :
“Lyon carrefour européen de la franc-maçonnerie” (une salle de l’exposition lyonnaise était consacrée à la période de l’occupation), sous l’égide de l’Institut Maçonnique de France et de la Ville de Lyon.

Aujourd’hui qu’en est-il de toute cette affaire ? Avouons qu’il manque des pièces du puzzle. On a l’impression d’être face à une disproportion des choses : d’un côté, durant l’occupation, l’alliance de Vichy et du Reich pour supprimer la franc-maçonnerie avec une logistique importante, de l’autre des archives qui sont restituées quelques 30 ans après ( contre « rançon » car la France a quand même déboursé 4 millions de francs) , mais sans aucune conséquence apparente.

Ce qui est certain c’est que le plan secret du Reich, percer les mystères de la franc-maçonnerie, n’a apparemment pas abouti. Ceci dit, le retour des archives volées est trop rapidement tombé dans le secret et l’oubli.
L’affaire est entre les mains des historiens qui devront dans la période qui s’ouvre, trancher sur toute cette histoire, où la fiction se mêle à la réalité, sur des faux semblant d’“Indiana Jones” et de professeur Tournesol associés. La guerre secrète de l’occulte n’est peut-être pas finie.

Gageons que Jacques ou le commissaire Marcas, poursuivront leurs enquêtes jusqu’à découvrir le fin mot de cette histoire et qui sait, ramener le trésor à son emplacement d’origine.

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