Actualité des Rites vaudous en Afrique et ailleurs.
Tel était le thème développé, le dimanche 28 mai, de 14 h à 15h par Coffi Toussaint DJEGUEDE, initié supérieur sur la voie de la spiritualité « Vodoun Yêhué », devant une salle comble.
La modération est assurée par Robert JOS.
Arrivé (avec un petit ¼ d’heure de retard) vêtu de sa tenue traditionnelle d’Alagbaa (chef suprême du culte), le conférencier a tout d’abord expliqué, à partir de son étymologie que Vodoun Yêhué proviendrait de l’expression de la langue Fongbé parlée au Bénin (gni gbêssou ba vo do lon don Yêhué) qui signifie : « observe les lois de la vie et dans l’au-delà tu seras un esprit lumineux, un saint ».
Le système religieux Vodoun Yêhué est un code de vie. C’est par des déformations successives que diverses orthographes sont apparues, « Vodou », « Vaudou », « Voodoo » etc.
En restituant l’appellation originelle, on ne doit plus dissocier Vodoun de son qualificatif Yêhué).
Vodoun Yêhué n’est synonyme ni de magie, ni de sorcellerie, ni de sortilège, ni de fétiche, ni de gris-gris, mais désigne un système de croyances, un système religieux qui a sa représentation cosmogonique, ses rites, ses rituels, ses temples et ses couvents d’initiation.
Vodoun Yêhué est né dans la région du Golfe du Bénin (Nigéria, Bénin,Togo, Ghana), issu du système religieux Yoruba basé sur les Orishas. Orisha est composé Ori qui dérive de Horus-principe masculin et de Sha (Seth)- principe féminin, tous deux des divinités du Kémet, l’ancienne Egypte.
Vodoun Yêhué est arrivé dans les Amériques avec la déportation des esclaves et y a subi diverses métamorphoses dans les pays où il s’est implanté avec parfois des noms locaux (Vodou en Haïti, Candomblé au Brésil, Santéria à Cuba, notamment). Il est présent également aux Etats-Unis (dans les Etats du sud et la Floride) et en Europe.
Du point de vue cosmogonique, Vodoun Yêhué ne reconnaît qu’un seul Dieu créateur, Mawu, appelé Sêgbo Lissa dans le Temple sacré (Sêgbo est la traduction en Fongbé de Obatala qui signifie le Roi des rois, Lissa c’est Orisha prononcé en Fongbé).
Sêgbo Lissa est donc la traduction de Obatala Orisha.
Le système religieux Vodoun Yêhué croit en l’existence de deux mondes : le visible (perceptible par nos sens, composé des 4 règnes minéral, végétal, animal et humain) et l’invisible.
Le monde invisible (l’au-delà, comprend trois sphères :
*la sphère supérieure (celle de Dieu Créateur) ;
* la sphère médiane (celle de la divinité Ifa, Fâ dieu de la divination également appelé Agbonirégoun- le Sauveur), des esprits supérieurs, des diverses divinités, des esprits des ancêtres, des esprits saints-patrons des corporations professionnelles des métiers de l’agriculture, des métiers de la chasse et de la guerre, des métiers de métallurgie, des métiers du commerce, des saints protecteurs de la famille, des esprits médiateurs qui constituent tous Vodoun Yêhué , enfin
*la basse sphère (par où transitent les esprits qui n’ont pas encore acquis la qualité pour changer de sphère et qui peuvent être bons ou mauvais).
Le système religieux Vodoun Yêhué reconnait l’existence des lois. Ces lois instituées par Sêgbo Lissa doivent être observées strictement (elles sont, selon le conférencier, semblables à celles révélées à Moïse, dont le concentré est la loi de l’Amour).
Dans la tradition africaine, la mort n’est pas une fin car les esprits des ancêtres continuent un travail dans l’au-delà. L’esprit d’un ancêtre peut ainsi s’incarner dans un arbre (ce qui rend celui-ci sacré et rend sacrée la forêt dans laquelle il se trouve) ou dans un animal (qui devient l’animal totem du clan).
De même, l’esprit d’un ancêtre peut se réincarner dans un nouveau-né, il est ainsi considéré comme l’ange gardien de cet enfant.
Les deux mondes (visible et invisible) s’imbriquent l’un dans l’autre et s’influencent mutuellement. Du monde visible l’homme peut solliciter l’aide des esprits du monde invisible, par des prières et des rituels.
La tradition Vodun Yêhué est assise sur la mise en œuvre de rituels et compte une dizaine de rites initiatiques qui comportent chacun un certain nombre de rituels :
- *rituel de naissance ;
- * rituel de mariage,
- *rituel funéraire,
- *rituel d’initiation,
- *rituel de communication,
- *rituel de purification,
- *rituel de célébrations,
- *rituel de consécration etc..).
Ces rituels sont généralement pratiqués sur des autels consacrés et dédiés à un Vodun Yêhué spécifique.
Le système religieux Vodoun Yêhué est doté d’une hiérarchie sacerdotale qui est la suivante : le chef suprême-le Daagbo Hunon, puis les Vodounnon (chefs des différents temples), puis les prêtresses (Tangninon, lyaalachè) qui jouent un rôle de premier plan dans ce système religieux.
Enfin, Toussaint DJEGUEDE s’est appliqué à expliquer, pour mieux les déconstruire, les clichés dévalorisants accolés au vodoun, qui, selon lui, trouvent leur origine depuis la révolte des esclaves à Haïti, sous la direction de Toussaint Louverture, dans la nuit du 22 au 23 août 1791.
Cette révolte fut déclenchée suite à un rituel officié dans la nuit par la grande prêtresse Vodoun Yêhué, Cécile ATTINMA. Les esclaves, galvanisés, suivirent Toussaint Louverture, faisant preuve de courage extraordinaire, s’évadèrent des plantations semant la panique chez les propriétaires d’esclaves et des grandes plantations.
Comme riposte, ceux-ci, par presse interposée, n’eurent de cesse de conférer à ce rituel un caractère diabolique et satanique et par ricochet de vilipender le système religieux Vodoun Yêhué.
Yêhué signifiant saint, stratégiquement ils dissocièrent Yêhué de Vodoun, privant ce dernier de ses valeurs spirituelles originelles, afin de mieux lui asséner des coups et de lui conférer toutes sortes de connotations dévalorisantes possibles (poupées hollywoodiennes transpercées d’aiguilles, magie, transes, envoûtement, etc…). Ensuite les falsificateurs et autres magiciens de tous acabits ont contribué à leur tour à donner une image très peu reluisante du système religieux Vodoun Yêhué.
En guise de conclusion, le conférencier a déclaré que Vodoun Yêhué ne prêche rien que l’on ne rencontre dans les livres des religions importées.
Le communicateur a eu à répondre de manière claire et limpide aux nombreuses questions que l’auditoire s’est posé.
A l’issue de sa présentation, Toussaint DJEGUEDE a remis au Co-Président des Imaginales Maçonniques & Esotériques d’Epinal, Jacques OREFICE, une représentation, schématisée et sculptée dans le bois sacré Iroko, de la cosmogonie de Vodoun Yêhué et il a, à son tour, reçu des mains du modérateur Robert JOS, le diplôme de Membre d’honneur des Imaginales Maçonniques & Esotériques d’Epinal.