La présentation
Le thème retenu par la 8ème édition des Imaginales Maçonniques et Esotériques qui se tiennent à Epinal est la chevalerie car elle s’inscrit dans une permanence de l’esprit humain qui remonte à des temps immémoriaux.
Depuis la plus haute Antiquité qui a vu la domestication du cheval par l’homme, l’histoire et notre imaginaire sont traversés par les chevauchées fantastiques de guerriers conquérant le monde qui les entoure.
De guerriers, mais aussi de guerrières, de la reine Boadicée à Jeanne d’Arc, des Amazones aux Valkyries, les exemples abondent dans toutes les civilisations. Les Grecs connaissaient les aristies, c’est à dire les exploits des héros de l’Iliade et de l’Odyssée donc des meilleurs parmi les guerriers.
Plus tard, Tacite rapporte le rite de remise des armes au jeune cavalier dans les forêts de Germanie tout comme le fera Charlemagne en armant en 791 son fils Louis. La chevalerie n’est pas alors religieuse et ne se transformera qu’entre les Xème et XIIème siècle en une chevalerie monastique dont la forme achevée sera l’Ordre du Temple
Ainsi, en Europe et en France en particulier, l’Eglise réussit à transformer les guerriers en chevaliers mais la chevalerie n’est propre ni à la chrétienté ni à l ‘Occident. Qui ne connaît les Samouraï au Japon ou la chevalerie Soufi dans le monde musulman ?
Dans le récit national français, Roland à Roncevaux, le Connétable du Guesclin, le chevalier Bayard « sans peur et sans reproche », les Chevaliers de la Table Ronde, la quête du Graal, l’Ordre du Temple, les croisades et Saint Louis, le mythe du roi-chevalier construit au XVIème siècle de Charles VIII à François Ier constitue un bloc compact, le socle sur lequel s’est construit l’esprit chevaleresque qui marque encore et toujours l’éthique de notre temps. En témoigne la constance de la création d’Ordres de Chevalerie depuis l’Ordre du St Sépulcre de Jérusalem en 1099 par Godefroy de Bouillon en passant par l’Ordre de St Louis fondé par Louis XIV, l’ordre national de la Légion d’Honneur fondé par Napoléon Bonaparte et enfin par les Ordres de la Libération et de chevalier du Mérite créés par le Général de Gaulle
Lorsque les chevaliers ont physiquement disparu et la mort de Jacques de Molay, en 1312, sonne le glas de la chevalerie, l’imaginaire s’en empare et ce n’est pas un hasard si le Don Quichotte de Miguel de Cervantès paraît en 1605 pour la première partie et en 1615 pour la seconde. Roman médiéval, roman d’une chevalerie éteinte qui tel un astre mort dont la lumière est toujours reçue, il est aussi le premier roman moderne qui irradie la littérature mondiale. N’est-il pas le livre le plus traduit au monde après la Bible ?
Depuis sa publication, la constance et la prégnance de l’imaginaire chevaleresque jusqu’à nos jours est un phénomène extraordinaire dans l’histoire des idées.
Les Traités sur les Ordres de Chevalerie abondent jusqu’au XVIIIème siècle, siècle où la chevalerie entre en franc-maçonnerie après le discours du Chevalier de Ramsay alors que, les romans de chevalerie sont publiés sans discontinuer depuis, chaque époque en renouvelant constamment l’approche. Le nombre de titres de Fantasy qui comporte les mots de chevaliers ou de chevalerie en témoignent
N’est-ce pas parce que
« La chevalerie est en elle-même la poésie de la vie » ?
Jacques Oréfice, Co-Président des Im&E