Tous les existants, animaux ou humains, ont des rituels au sens le plus basique. Basiquement, un rituel est un comportement réitéré qui a deux propriétés essentielles. D’abord créer des habitudes permettant d’être plus efficace, autrement dit de ne pas réfléchir à des actions vitalement nécessaires. C’est par exemple une répétition des mêmes gestes dans des conditions ressemblantes permettent ainsi de ne pas avoir à y penser, de les effectuer plus vite et plus précisément, tout en restant vigilant, disponible pour d’autres actions imprévues. Ensuite, le rituel permet de s’orienter dans le monde. La réitération des gestes, des mêmes pas, permet de s’approprier des lieux, de baliser l’espace. Par exemple, se mettre toujours à la même place dans un amphithéâtre pour étudiant crée une familiarité rassurante, permet de savoir où l’on va lorsque l’on se rend en cours. Ces deux propriétés basiques du rituel, efficacité vitale et orientation / appropriation de l’espace sont communes aux existants, tout au moins à tous les mammifères. L’humain ajoute dans certaines de ses pratiques une autre dimension au rituel, une dimension supérieure si je puis dire. Il intègre le rituel à un rite. Un rite est en quelque sorte une mise en scène dans laquelle nous devenons les personnages d’une narration, mais pas de n’importe quelle narration, une narration qui raconte à la fois l’origine de l’origine, et à la fois la fin de la fin. Ce type de Grands Récits est ce que nous appelons des Mythes. J’essayerai de montrer que les humains ont toujours vécu à travers ces Grands Récits, et que notre époque dite moderne n’échappe pas à cela. On peut même dire que la franc-maçonnerie est l’espace-temps stratégique d’élaboration et de déploiement du sens mythique de la modernité.