« Au commencement était le Rite »
Fidèles à leur tradition devenue décennale, les Imaginales Maçonniques et Ésotériques ont choisi de proposer un thème de réflexion interrogeant des praxis communes à tous les humains. Cette année 2023, l’invariant anthropologique qu’est le Rituel et les pratiques qui en découlent, les rituels, vient s’ajouter aux thèmes précédents qui figurent dans ce dossier.
Car, « Au commencement était le Rite ».
Ce titre est emprunté au livre trop méconnu d’Arthur Maurice Hocart qui lui avait donné comme sous-titre « De l’origine des sociétés humaines ».
Il y démontrait que :
– les institutions qui fondent toutes les sociétés humaines sont d’origine cultuelle et magico-religieuses,
– les rituels, dans leurs structures comme dans leurs fonctions, sont identiques et permettent la conservation et la prospérité des communautés dont ils constituent la culture,
– les rituels ont tous la même origine, un Rituel premier qui s’avère être l’intronisation royale dont procèdent tous les rituels depuis le néolithique,
– les premiers rois furent des rois morts ; en effet, étaient rois les victimes sacrificielles .
Le sacrifice est ce qui rend sacré, le roi mort lors de la cérémonie d’intronisation renaissait en un Dieu, ce qui en fait un être double avec toutes les conséquences.
Ce rite de mort et de renaissance a servi de modèles aux rites de passage comme aux rites sacerdotaux d’ordination. Et par extension à la modélisation de tous les rituels existants et donc à leur mondialisation.
Réglés et respectés par tous, les rituels ont pour objectifs d’assigner à chacun sa place et son rôle dans le groupe humain auquel il appartient.
Car personne ne pratique un rituel pour son seul usage personnel sauf dans une pathologie compulsive de type obsessionnel.
Le rituel est communautariste par essence. En tant qu’infrastructure du tissu social, il constitue une « fabrique » du lien. Il participe d’une religion au sens premier de « ce qui relie ».
C’est la ritualisation de la socialisation qui génère la sociabilité, c’est à dire les espaces de neutralité qui donnent la possibilité des échanges et des réciprocités. Donc de l’indispensable dialogue.
Les rituels élaborent un langage commun qui est connu par tous les participants. Il est aussi le moyen de la reconnaissance des participants. Cette reconnaissance permet l’inclusion de proche en proche, y compris des inconnus et des méconnus qui connaissent ces rituels. Ou le rituel comme modalité du dialogue et comme remède à la Babélisation du Monde.
L’objectif des rituels est d’exclure la violence du groupe, ou à tout le moins de la réguler et de permettre la survie et donc la reproduction du plus grand nombre possible de ses membres.
Et en dernière analyse de permettre la survie du groupe qui les pratique. Nous ne vivons et ne survivons que grâce au rituel.
Cette dixième édition se tiendra, en marge des Imaginales et de la Fête de l’Image du 25 au 28 mai 2023 au Temple Maçonnique, 7 rue de Provence à Epinal.
Entre ritualité et ritualisme, qu’ils soient religieux ou laïques, les rituels seront explorés sous toutes leurs faces dans le cycle des 14 conférences proposées.
Les intervenants, entre auteurs à succès internationaux, auteurs vosgiens, authentiques spécialistes présenteront des sujets soigneusement sélectionnés pour permettre à chaque auditeur d’élargir sa compréhension du monde.
Les uns sont des fidèles depuis dix ans comme Eric Giacometti, Jacques Ravenne, Laurence Vanin, Claude Vautrin, Frédéric Vincent.
D’autres sont venus les rejoindre au cours de ces dix dernières années : Kadder Abderahim, Jack Chollet, Lauric Guillaud, Anne-Claire Scebalt.
Seul Georges Bertin, double Prix Cadet Roussel, ne viendra plus, car trop tôt décédé. Il fut l’infatigable inspirateur des colloques du CERII (Centre d’Etudes et de Recherches Internationales sur l’Imaginaire).
Enfin, cette année sont venus s’associer à la centaine d’intervenants qui nous ont accompagnés pendant cette décennie : Eric Badonnel, Toussaint Djeguedé, Yonnel Ghernaouti, Raphaël Liogier, Annie Tremsal.
Leur présence, nouvelle ou renouvelée, témoigne de leur intérêt constant pour une manifestation unique qui rend visible ce qui est habituellement invisible, c’est le sens du mot « Ésotérisme ».
Les Imaginales Maçonniques et Ésotériques mettent la raison au service de l’imagination et l’imagination au service de la raison, ce qui est la seule modalité de mettre la joie dans les esprits et dans les coeurs.
Qu’ils soient remerciés ici de leur présence agissante.
Reste à souhaiter à tous de merveilleuses Imaginales Maçonniques et Esotériques qui ne restent séparées des Imaginales d’Epinal que par la rue de Provence.
Reste aussi à espérer que cette dixième édition des Imaginales échappe aux manifestations anti-maçonniques qui ont émaillé l’édition 2022.
Rappelons simplement que la Maçonnerie a été interdite, dans l’histoire, sous tous les régimes totalitaires et que pour ne faire aucune référence à des pays actuels, elle a été interdite en France sous le régime de l’Etat Français de Vichy, dans l’Allemagne nazie, dans tous les pays de l’orbite soviétique, etc.
La trace en reste au fronton du Temple : l’équerre et le compas qui y figuraient ont été martelés en 1941. Ils n’ont jamais été remplacés, leur absence témoigne de l’anti-maçonnisme.
L’anti-maçonnisme est trop souvent le prélude à la suppression de la liberté d’expression. Ce à quoi tendaient les manifestations 2022. Elles n’ont pas honoré qui s’y est livré.
Il me reste à remercier, en dernier, ceux qui sont en fait les premiers, à savoir les membres de l’Association organisatrice que je co-préside. Depuis un an, depuis dix ans, ils travaillent avec zèle constance et dévouement pour la réussite de ces trois jours qui ne se dément pas depuis dix ans.
Jacques Oréfice,
Co-président des Imaginales Maçonniques et Ésotériques